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Exposition au Musée Théodore Monod : Mbaye Babacar Diouf égrène ses perles de lumière

Rédigé par leral.net le Lundi 3 Mai 2021 à 23:18 | | 0 commentaire(s)|

L’artiste visuel Mbaye Babacar Diouf a présenté, samedi 1er mai, en première sa nouvelle exposition. Titrée «Perles de lumière», cette monstration est à voir jusqu’au 10 mai au musée Théodore Monod de l’Ifan Cheikh Anta Diop.  La spiritualité est comme un marqueur dans le vocabulaire pictural de Mbaye Babacar Diouf. En tant que musulman, artiste […]

L’artiste visuel Mbaye Babacar Diouf a présenté, samedi 1er mai, en première sa nouvelle exposition. Titrée «Perles de lumière», cette monstration est à voir jusqu’au 10 mai au musée Théodore Monod de l’Ifan Cheikh Anta Diop. 

La spiritualité est comme un marqueur dans le vocabulaire pictural de Mbaye Babacar Diouf. En tant que musulman, artiste disciple tijane, Mbaye Babacar Diouf s’était donné un défi de réaliser une œuvre avec autant de puissance et d’amour. Dans «Perles de lumière», à voir jusqu’au 10 mai au musée Théodore Monod de l’Ifan Cheikh Anta Diop, le plasticien fait allusion à ce rituel quotidien auquel les musulmans s’adonnent : le zikr (évocation rythmique du nom de Dieu) avec un chapelet. Avec une approche esthétisante d’une extrême finesse, Diouf montre cet objet culte sous un aspect inhabituel, une autre dimension. Le plasticien a inscrit les 99 noms de Dieu sur les perles sauf sur la centième, car le nom correspondant étant caché. Pour l’organisation, cette exposition est le fruit de plusieurs années de recherche de l’artiste sur la spiritualité, notamment dans la voie de la tijânya.

Elle est composée d’une pièce unique charpentée autour d’un chapelet de bronze de cent perles avec les inscriptions du nom d’Allah et de l’écriture graphique de l’artiste. Le poids total de l’œuvre avoisine sept cent kilogrammes. Dans son propos, le commissaire de l’exposition évoque plusieurs variantes de chapelet, «misbaha», dans les confréries actives au Sénégal. «Mbaye Babacar Diouf rend, dans son œuvre, celui courant au sein de la Tijânya avec sa structure de cent perles composée d’une suite doublée de 12, 18 et 20 avec 5 séparations (« seede » en wolof)», explique Massamba Mbaye.

Initié aux pratiques d’évocation de la Tijânya, renseigne le commissaire d’exposition, l’artiste a commencé la réalisation de son œuvre depuis plus de deux ans. «Il mit ainsi à contribution toute une équipe, du moulage au polissage des perles en passant par le coulage», avance M. Mbaye.

Pour Mbaye Babacar Diouf, l’exposition «Perles de lumière» vient couronner un travail entamé depuis 2014 sur la spiritualité, les signes, les symboles. Le plasticien considère que le corps et l’âme se confondent dans l’individu. Dans cet esprit, Mbaye Babacar Diouf invite à accepter cette servitude à l’égard de Dieu.  Le commissaire d’exposition Massamba Mbaye rappelle qu’il est dans la tradition soufie de prendre soin de ce corps, qui est aussi un don de Dieu, tout en l’éprouvant. D’après son analyse, le principe de l’élévation spirituelle dans cette perspective n’est pas mortifère, au final.

Le souffle divin 

Le critique d’art pousse la réflexion : «Le corps et les choses qui s’y attachent sont une porte de passage, une instance de transit. C’est par le corps qu’on entretient cette expérience platonicienne qui revivifie nos souvenirs célestes, le souffle divin». Au regard de M. Mbaye, les «Perles de lumière» sont donc une invite au dépassement de nos appétits dans ce monde clivant et gouverné par les émotions. «Sa perspective excède les prismes d’une belle voie musulmane», décrypte le commissaire d’exposition. Mieux, «il interpelle l’humain dans ses possibilités les plus nobles ; celles qui mettent en commun nos humanités ayant en partage un espace commun qu’il nous faut chérir afin d’en découvrir toutes les virtualités». Il s’agit au final, selon lui, d’anéantir nos sens extérieurs au profit de ceux intérieurs : annihiler son moi dans le soi. «C’est par ce moyen qu’on peut obtenir l’illumination, le dévoilement, la vision mystique et l’inspiration divine, ainsi que la connaissance mystique, la juste connaissance de la Réalité suprême», estime Massamba Mbaye.

Avec l’exposition les «Perles de lumière», ce chapelet vient marquer une étape «extrêmement importante» dans le travail sur la spiritualité de Mbaye Babacar Diouf. Celui-ci présage d’autres éclats plus lumineux avec d’autres œuvres à venir. EMassiga FAYE



Source : http://lesoleil.sn/exposition-au-musee-theodore-mo...